Le recrutement et ses pratiques
Maison de la confrérie Beta Theta Pi
Les confréries américaines effraient en Europe mais restent un phénomène de société courant aux États Unis. En effet, avec 9 millions d'étudiants qui en ont fait partie aux Etats-Unis, les fraternités et sororités font fureur dans les universités américaines et ne sont pas prêtent à s'éteindre. Mais comment se fait-il que autant d'étudiants soient poussés à les rejoindre? Les raisons qui y poussent une recrue sont nombreuses.
Les étudiants sont majoritairement loin de chez eux et connaissent peu de monde à leur arrivée à l'université; les confréries représentent donc un moyen simle mais efficace de se tisser un réseau d'amis rapidement et elles leur permettent aussi de s'identifier à un groupe pour ainsi se sentir moins seul. Cependant, la plupart du temps, un étudiant ne rentre pas seul dans une confrérie: il y va soit avec un ou plusieurs de ses amis; soit parce qu'il connaît quelqu'un qui en fait déjà partie ou soit car un membre de sa famille y faisait partie auparavant. C'est l'un des moyens les plus rapides de faire des connaissances et de créer un large réseau qui permer de se tenir informer des événements qui se passent dans le campus.
Pour un étranger, le but est de vivre une expérience universitaire à l'américaine. En effet, en dehors des Etats-Unis, les confréries sont perçues comme un emblème des campus américains et pour un étranger étudiant aux Etat-Unis et voulant vivre à 100% cette expérience, les confréries représentent une des étapes à passer. Pour d'autres, les confréries sont un moyen de créer ou d'agrandir leurs réseaux sociaux afin d'avoir des liens faibles et forts, qui les aideront dans leur vie professionnelle ou qui leurs permetteront encore d'embellir leur CV par toutes les actions (philantropiques, communautaires, etc) qu'ils auront accomplies dans leur confrérie. Il existe bien d'autres raisons telles que: des opportunités de leadership qui leur serviront plus tard, une base réconfortante et soutenante dans les moments durs, une possiblité d'obtenir un tutorat et un support académique, être en companie de personne partageant les mêmes idées, ou tout simplement, afin de faire la fête.
Mais pour obtenir leur statut de membre dont ils rêvent afin d'acquérir tout les avantages qu'apportent les confréries, ils devront passer un long processus de recrutement. Les étudiants doivent tout d'abord remplir un formulaire présent sur les sites Internet des confréries qui les intéressent, afin de se faire inviter à cette période de "rush".
En effet, les nouveaux venus commencent par vivre une période de recrutement appelé le "rush". Lors de cette événement, les confréries ouvrent leur porte et se mettent en avant pour attirer le plus de recrus. Il permet aux candidats de découvrir et de choisir la confrérie qui pourrait leur correspondre . Cette sélection est mutuelle car non seulement les confréries repèrent des étudiants qui à leur yeux sont intéressants et qui ont les mêmes normes, valeurs ou encore buts qu'eux; mais aussi car c'est le candidat qui choisit celle à laquelle il voudrait appartenir. Dans tous les cas, les prétendants doivent subir un entretien devant lequel de nombreuses questions leur seront posées. Pour le "rush", les confréries organisent de nombreuses activités et soirées pour mieux connaitre leurs recrues. Elles sont prêtes à dépenser une grande somme d'argent afin d'attirer un grand nombre d'étudiants. Dans une grande partie des confréries, les futurs membres seront choisis en fonction de certains aspects superficiels. Les critères sont très divers, comme le parcours académique de la recrue, son côté athlétique, sa situation financière, son apparence physique etc. Et même si il existe des confréries qui promeuvent la mixité sociale, cela n'empêche pas une certaine séparation entre les groupes sociaux.


Image prise sur le compte Facebook de Phi Beta Kappa
Après l'entretien, si la confrérie est intéressée, les nouvelles recrues reçoivent une invitation formelle à rejoindre la fraternité ou la sororité. Ils vont donc commencer un periode d'initiation où ils devront passer des défis lancés par les membres de la confrérie. Après cette periode, une cérémonie est organisée afin de confirmer leur place au sein du groupe et pour qu'ils deviennent enfin des membres reconnus. Cette cérémonie commence généralement par un bizutage qui peut être en lien avec l'alcool, la sexualité, et des défis plus ou moins humiliants qui poussent les candidats à affronter leur peur. Par exemple, Abdullah Al- Aqili a été poussé à coté d'un feu de bois car il en avait une phobie profonde.


''Restez calme et rejoignez Sigma Theta Pi'''''
''Embauchez moi''

Stande de recrutement des Phi Delta Theta
Les bizutages sont bien variables mais le côté humiliant de ces défis reste le même et est une manière pour la confrérie de fidéliser ses nouveaux membres et d'être sûre de la volonté d'appartenance à celle-ci. Le bizutage est donc qualifié "d'examen d'entrée". Cet examen est présent sous la forme d'un test écrit ou d'un entretien pour intégrer une université comme il est présent sous forme de bizutage dans les confréries. Bien sûr, si un candidat à un membre de sa famille qui en faisait partie, celui ci n'aura pas besoin de passer le bizutage (on appel ça la ''legacy'') et il passera directement à la phase suivante de la cérémonie qu'est le rite d'entrée.
Extrait d'un reportage de 90 minutes d'anquètes sur les campus américains.
Les apprentis sont finalement chaperonnés chacun par un plus ancien qui participera à son intégration au sein de la confrerie et de l'université. Ces "grands frères" (ou "grandes soeurs" dans les sororités) ont un effet positif sur leur cadet car en plus de les intégrer, ils les aident, les conseils et les guident dans leur vie de tous les jours. Le processus d'entrer dans la confrérie est alors terminé et l'étudiant pourra enfin bénéficier de tous les avantages mais subira aussi tous les inconvénients que lui apporte son statut de membre.
Symbole des Illuminatis

Ainsi, rentrer dans une secte n'est pas aussi dur que l'on le dit. Les sectes les plus nombreuses (constituées de peu de membres) visent les individus plutôt faibles, en dépression et en rupture avec la société, contrairement aux confréries étudiantes qui, elles, visent des individus qui se sentent biens. Tout comme les confréries, la secte se montre à prime abord être un groupe où il fait bon de vivre, poussant ainsi, les individus à rejoindre l’organisation. Certains individus y rentrent aussi en pensant y défendre une bonne cause tout comme un étudiant qui rejoindrait une confrérie pour les événements caritatifs ou philanthropiques. Mais certaines confréries, surtout les plus connues et les plus élitistes, sont celles qui se rapprochent le plus des sectes. La plus connue de ces confréries est les Skull and Bones (aussi appelé Chapter 322 ou encore Brotherhood of death ''fraternité de la mort'') et de très nombreux politiciens en ont fait partie tels que George Bush père et fils, John Kerry etc. Les Wolf's Head, les Book and Snake, et encore les Scroll and Key de Yale, les Seven Society de l'université de Virginie, le Fly Club et la Porcellian de Harvard ont toutes comme point commun d'être les plus secrètes des confréries universitaires et que, étonnamment, leurs noms n'est pas formé de lettres grecques (car elles se considèrent comme étant au-dessus des autres confréries). Ces confréries sont très proches des grandes sectes ouvertes vers l'extérieur comme les Illuminatis ou encore la Franc-maçonnerie. En effet, ces confréries choisissent elles-même leurs membres parmi l'élite du campus (15 primos étudiants par an dans S&B ainsi que pour Scroll and Key) comme les Franc-maçons élisent eux même leurs nouveaux membres.
Photo de la sororité Kappa Omega

Or, qui dit secte ne veut pas forcement dire danger. C'est pourquoi le rapport n°2462, daté de 1996 de la Commission d'enquête sur les sectes, a publié à l'Assemblé Nationale une liste de critères qui caractérisent une secte dangereuse. Dans ce rapport, nous avons trouvé des points comparables au recrutement dans les confréries. Les atteintes à l'intégrité physique, avec le bizutage fréquemment perpétré dans les confréries, et la déstabilisation mentale, lors de la période d'initiation font partie des critères en communs présent dans le recrutement de ces deux organisations.
''The Tomb'' (la tombe), maison de la confrérie des Skull and Bones

http://www.meltycampus.fr/bizutage-une-fraternite- suspendue-pour-traitements-dangereux-a239841.html
Pendant le rite, la recrue jure de toujours rester fidèle et de ne jamais révéler toutes informations qui pourraient causer du tort à la confrérie. De plus, il y apprend de nombreux gestes et symboles secrets. Et c'est donc à ce moment précis que la recrue devient un ''pledge'' (un apprenti). C'est une phase durant laquelle les nouveaux venus apprennent l'histoire de la fraternité ou sororité et à connaître ses membres. Ils font partie de la confrérie mais ne sont pas encore officiellement membres. C'est seulement au terme de ce "pledging" que les étudiants qui ont eu la chance d'être séléctionés entrent enfin dans l'organisation.
Dans la phase de recrutement, la grande majeur partie des confréries ressemblent aux sectes pas leurs méthodes. Mais le terme de ''secte'' ne se limite pas seulement aux effrayants Illuminatis ou encore aux célèbres Francs-Maçons mais également à la secte du Temple Solaire, la secte Raëllienne, les Témoins de Jéhovah ou encore à un bon nombre de sectes sataniques. Bien sûr, il existe plusieurs types de sectes et l'on comparera les confréries à la définition des sectes la plus populaire de nos jours : un petit nombre de fidèles, nouveau, qui se marginalise, se détache de l'organisation classique, officielle en prônant une voie différente. Cela peut également représenter un groupe de doux illuminés qui prônent une manière philosophique de penser en y vouant un culte absolu. Les confréries, bien qu'elles puissent toucher des aspects religieux, suivent en général des Églises officielles mais leur fonctionnement reste extrêmement proche de celui des sectes.

Une recrue et son grand frère
Photo des Skull and Bones

Mais les confréries les plus courantes (c'est à dire à lettres grecques) ont elles aussi divers points communs avec les sectes. En effet le sectes, comme les organisations à lettres grecques, procèdent à un endoctrinement particulier par une utilisation des attentes repérées par des études de la personnalité de l'individu, par des témoignages programmés, par la diabolisation de ce qui n'est pas le groupe ou l'organisation, par des images ou propos répétés jusqu'à l'obsession ou encore par un langage propre contribuant à isoler le groupe (comme par exemple la poignée de main secrète des confréries).


Cependant, les sectes n'ont pas de période de recrutement, elles sont en général toujours à la recherche de nouveaux membres à tout moment de l'année. Mais les sectes et les confréries ont toutes les deux une sorte de cérémonie ou de rite pour l'entrée des nouveaux membres et, tout comme la Legacy des confréries, les membres ayant un parent dans la secte peut y entrer sans problème et peut même y être depuis sa naissance (contrairement aux confréries dans lesquelles on peut y entrer seulement à l'université). Ainsi, quant il s'agit du recrutement, ces deux organisations ont des caractéristiques communes et d'autres qui les différencient. Mais l'aspect sectaire est bien présent dans le recrutement comme il est présent dans la vie en communauté ou encore quant il s'agit de sortir de la confrérie.