La vie en communauté
Pour maintenir l'ordre, chaque chapitre a son président (aussi appelé Grand-Maître)
et son vice président. Le président est respecté de tous, et c'est lui qui confirme l'entrée
de chaque membre. Il possède le pouvoir et décide des actions avec son vice-président. Le
vice-président, quant à lui, est désigné par le président lui-même et est d'ailleurs
très souvent l'un de ses proches amis. Il a moins de pouvoir que le président mais
peut tout de même décider d'exclure qui il veut. Les frères (dans les fraternités) et
sœurs (dans les sororités) est le grade de tous les autres membres même si les
anciens et les premiers de leur ligne sont les plus respectés. Le grade de recrue est
celui obtenu dès l'entrée dans la confrérie et ils sont souvent maltraités et bizutés.
Tous ces membres vivent soit ensemble soit se rejoignent dans un lieu dit
(bâtiment, maison etc), tout dépend des moyens de la confrérie.
En plus des frais de confréries qui gravitent autour de 1500$ à 3000$ en
moyenne, les membres doivent aussi se payer une nouvelle garde-robe, acheter
la tenue complète de leur confrérie et payer le loyer (autour de 1000$ du mois).
En effet du t-shirt, badges et pantalons passant par la veste et la batte de cricket, le membre
doit montrer et crier haut et fort son appartenance à sa confrérie. Les membres doivent
être fiers de représenter leur confrérie aux différents événements organisés sur le campus.
Ce sentiment d'appartenance est énormément ancré dans la culture américaine et se fait
ressentir jusque dans la vie de tous les jours dans le campus.
Mais bien sûr, les fêtes à fin tragique sont encore trop fréquentes et chaque
mois, de nombreux étudiants y trouvent la mort. Malgré que cela ne fasse
pas polémique au sein de médias, de nombreuses histoires nous parviennent
comme celle de David Bogenberger. David était un étudiant très populaire et était
membre de la confrérie Pi Kappa Alpha, une soirée trop alcoolisée entraîna sa
mort en novembre 2012. Mais cette histoire ne vient que s'ajouter à toutes
les autres aussi sordides les unes que les autres. Mais les fêtes déjantées ne
sont pas les seules aspects négatifs des confréries, le bizutage est aussi très
fréquent. Même si le « hazing » (le bizutage à l'entrée) est le plus connu il peut
être souvent utilisé au quotidien. En effet, certains membres
n’hésitent pas à en torturer d'autres pour affirmer leur supériorité. Ainsi, certains
membres subissent les pires atrocités et sont incapables de quitter leur
confrérie car leur réputation dans le campus risquerait d'en pâtir énormément.
Il n'y a pas longtemps, par exemple, Miss Amérique 2015, nous a montré que le
bizutage était encore beaucoup utilisé. En effet, pour torturer les autres
filles membres de sa sororité, elle a fait preuve,d'une certaine imagination. Elle
obligeait les autres membres à manger des croquettes pour animaux jusqu'au
vomissement puis d'autres devaient manger le vomi. Mais ce n'est qu'un
petit aperçu de toutes les abominations commises dans les confréries et qui ne
sont pas dénoncées. Évidement, toutes les confréries ne sont pas comme ça et
l’État américain fait tout pour stopper un temps soit peu les bizutages commis
dans les organisations à lettres grecques en condamnant lourdement ceux qui
enfreignent la loi.
Mais les liens créés par les organisations à lettres grecques
ne sont pas que spécifiques à l'intérieur de la confrérie. En effet, des soirées de rencontre
douteuses sontorganisées entre différentes confréries ainsi que de nombreuses autres
activités et fêtes. Malgré un certain climat de compétition entre elles, les confréries
forment des alliances. Mais elles ont quand même des rivales qu'elles essaient de surpasser
par la popularité de certains de leurs membres, leurs résultats scolaires, leurs réussites aux
compétitions sportives etc. Cette envie de réussite se voit même dans la réussite scolaire
des membres : les étudiants, membres de fraternité, ont un taux d'abandon 20 % plus
faible que ceux n'en faisant pas partie. Ce qui laisse à croire que malgré les fêtes, la
consommation abondante d'alcool et celle de drogue, les étudiants membres sont
beaucoup plus sollicités pour leur réussite scolaire. Ainsi, ces organisations dont le
fonctionnement est digne des plus grandes sociétés, comportent de nombreuses
failles qui salissent énormément leur réputation. Et malgré que certains étudiants voient
en elles une maison loin de chez soi, ils ne voient pas forcément les aspects sectaires qui
pourraient entourer celles-ci.

Schéma de la hiérarchie dans les confréries universitaires américaines.








Quelqu'une des affaires que Abdullah Al Aqili a gardé de sa confrérie

Fête se déroulant à l'université de Michigan


Collecte d'habits par la fraternité Alpha Tau Omega


Membres d'une sororité de l'université Columbia
Mais en plus de cette organisation stricte et complexe, le membre a de nombreux frais à couvrir. Car qui dit cohabitation dit logement et frais ce qui rend ainsi les confréries non accessibles à tout le monde. Il y a donc une certaine sélection à l'entrée et plus une confrérie est chère, plus les étudiants qui y appartiennent font partie de l'élite. Par exemple, les membres d'une sororité à l'université Columbia doivent jeter un collier Tiffany dans une rivière pour prouver qu'ils sont riches. Ainsi, les confréries sont représentatives des classes sociales américaines et malgré que certaines promeuvent la mixité sociale (et ethnique) elles ne sont, hélas, que très minoritaires. De plus, un individu ayant les moyens de rentrer dans une confrérie plus renommée préférera celle-ci aux confréries ouvertes à tous.
Bien sûr, les confréries ont aussi de nombreux aspects positifs. En effet elle permettent aussi de créer des liens sociaux qui dureront jusqu'à la fin des études universitaires. De plus, de nombreux événements philanthropiques et caritatifs sont organisés au sein de la confrérie. Des « meetings » (rencontres) entre chapitres sont organisés une fois par an. Les frères et sœurs se soutiennent et s'encouragent tous les jours. Chaque recrue est soutenue par son ''grand frère'', plus vieux, qui la conseille et l'aide à son arrivée. Par exemple, le grand-frère de Adbullah Al Aqili l'a poussé a perdre du poids et faire du sport. Adbullah a fini par perdre 100kg pendant ses années à la confrérie.
En plus d'être présentes partout dans les énormes campus américains, les confréries sont aussi celles qui organisent les fêtes sur les grands du campus (par exemple la fraternité de Abdullah Al Aqili organisée la fête de Halloween de l'université où étaient invités 3000 étudiants). Entre l'alcool et les drogues, les étudiants se saoulent souvent plus que de raison et vont très loin lors des fêtes qui se finissent généralement en malaise. Malgré la loi qui interdit aux mineurs (les moins de 21 ans dans la loi américaine) de boire de l'alcool, l'alcool coule à flot et les soirées sont très sexuées. Pour réguler un maximum ces problèmes d'alcoolisme et de sexe dans l'Amérique puritaine, des confréries plus calmes sont crées de nos jours. Ainsi, dans le campus de Georgia Tech une sororité a pour seule et unique but de créer des parfaites femmes au foyer qui s'occuperont de leurs enfants à plein temps.ss.

Remise des diplômes
Le bizutage, fardeau des campus américains

Quant il s'agit de la vie en communauté les sectes et les confréries ont énormément d'aspects identiques. D'après le rapport de la Commission d'enquêtes sur les sectes, les sectes dangereuses auraient encore d'autre critères les rapprochant des organisations à lettres grecques :
-Les rétributions financières importantes : le prix des confréries est conséquent pour des étudiants et certaines confréries en profitent pour s'enrichir.
-La rupture induite avec l'environnement d'origine : les étudiants partent pour la majorité loin de chez eux et quitte pour la première fois la maison familiale
-Le trouble à l'ordre publique : peu importe la confrérie, elles ont toutes déjà commis des actes répréhensibles dont la surconsommation d'alcool est en générale la cause (feux, dégradation de lieux public etc)
-L'importance des démêlés judiciaires : beaucoup de confrérie sont poursuivies en justice pour divers raisons allant de l'homicide et au viol en passant par des problèmes d'alcool récurrents.
-Et pour finir, les tentatives d'infiltrations des pouvoirs publics : l'un des premiers but des confréries est d'avoir des anciens membres très haut placés et qui quelque fois deviennent des hauts dignitaires de l’État (et ce qui est pratique pour limiter les problèmes judiciaires lorsque l'on est une confrérie ou même une secte).
Cependant les enfants ne se font pas embrigadés, les confréries ne font pas de discours antisociale (au contraire) et elles ne détournent pas, à notre connaissance, les circuits économiques traditionnels.
Mais l'une des plus grandes différences entre les sectes et les confréries est bien l'aspect officiel ou non de l'organisation. En effet, les confréries sont chapeautés par une autorité nationale : elles sont soumises aux règles du conseil national et surveillées ainsi que réglementées par un organisme ''trans-organisation'' ; alors que les sectes sont non reconnues par l’État et même combattues par celui-ci. Dans la majorité des sectes, les adeptes vivent ensemble, comme dans les confréries. Cependant, les sectes coupent littéralement leur membre du monde extérieur alors que les confréries ont tout l'effet inverse avec leurs fêtes et leurs soirées rencontres. Dans ces deux organisations une hiérarchie est mise en place pour mieux diriger et y contrôler leur fonctionnement. Les sectes, comme les confréries, ont un président appelé Gourou ou Grand-Maître très respecté. L'organisation y est stricte et précise et, même si les sectes sont particulièrement manipulatrices, confréries et sectes ont toutes les deux comme particularité de faire de leurs membres des individus presque identiques qui aiment les même choses, s'habillent de la même manière ou même qui pensent les mêmes choses. Le culte du groupe y est d'ailleurs l'élément moteur dans ces deux organisations.

Logo de Skull&Bones

Ainsi, les points communs entre ces deux groupes sont très nombreux et il est pratiquement impossible de tous les citer.
Mais en voici quelques autres : le principe du volontariat (l'individu rentre de lui même dans l'organisation, il n'y est pas forcé), la pression sur les membres ou les adeptes, peu importe les moyens ou encore l'engagement pour un mode de vie particulier. On notera que tous les critères cités précédemment peuvent se rencontrer ailleurs que dans les sectes et les confréries et que c'est l’ensemble de tous ces critères qui font d'eux de telles organisations.
D'après Anthony Sutton, confréries et sectes sont liées ainsi, l'influence des Illuminatis sur le gouvernement américain se fait à travers la fraternité étudiante : Skull and Bones.
Nous pouvons donc dire que la vie dans une confrérie comporte, elle aussi, de nombreux aspects sectaires dont les membres ne se rendent pas forcément compte.